BLIDA

second séjour


4 Janvier 1964
Le deuxième séjour commence par la découverte de nouveaux camarades. Une partie d'entre eux revient après le peloton de brigadier, d'autres viennent de centres qui viennent de fermer ailleurs en Algérie. Quelques-uns ont déjà leurs galons de brigadier et même de brigadier-chef. Mais en stage, les grades sont abolis et personne n'échappe aux corvées communes.

Une partie du camp est en cours de démontage, des arabes y travaillent. Des hangars sont déjà partis. Les autres disparaissent les uns après les autres. La Légion est partie, il reste quelques parachutistes.

La formation reprend sur les mêmes bases qu'il y quinze jours. Un peu plus dure physiquement et intellectuellement. La nourriture est toujours aussi mauvaise, mais le courrier et les colis arrivent toujours aussi régulièrement et nous maintiennent le moral.

Nous recevons la visite d'un convoi du GCT 535 qui vient chercher du matériel pour le ramener à Alger. Les informations venues de Baraki laissent entendre que le GT 535, après l'Algérie, partirait en Allemagne. Du voyage en perspective.

Le climat est toujours le même, beau le jour où le short est de rigueur. Froid la nuit où la capote est la bienvenue. Sur les sommets environnants apparaissent les premières traces de neige. Les visites en ville nous sont déconseillées et la visite de la Médina interdite, c'est le ramadan.

Compte tenu de notre prochain départ, le stage qui durerait 4 mois en France est ramené à 6 semaines. Mais c'est le même programme, avec bourrage de crâne. Pour boucler le programme, une partie des dimanches est désormais utilisée en cours.

4 février 1964
Un lâcher de parachutistes va nous apporter une distraction inattendue. Le vent ayant changé au dernier moment, le mannequin qui est lâché avant les hommes tombe en plein sur un bâtiment. Un para s'accroche dans les fils électriques, un autre s'empêtre dans les barbelés, sans dommage. J'aurais l'occasion dans une réunion de famille, 15 ans plus tard, d'évoquer cet incident et stupeur, l'un de ces paras est un cousin de ma femme, Jean-Pierre. Nous en avons encore rigolé.

5 février 1964
Un voyage nous emmène à Maison-Carrée pour une revue, 100 Kms de voyage pour présenter les armes au grand patron du train, pendant 30 minutes.

Dans la formation, premier tir à la 12,7, quelle impression de puissance !

11 février 1964
Un incident sérieux survient au réfectoire. Cette fois s'en est trop, pendant que les cuistots se faisaient des crêpes nous attendions notre tambouille. Des gars ont forcés les portes, bagarre, intervention des officiers en notre faveur et le calme est revenu. Nous avons eu ce soir là, double ration.

15 février 1964
Examen, je suis reçu 27ème sur 68 (9 recalés). La famille comptera un sous-officier.

Nous allons rester une semaine à Blida pour aider au déménagement du centre qui nous abritait. Nous serons la dernière promotion de sous-officiers de Blida. Nous servons également d'élèves à des engagés qui passent un examen.

21 février 1964
Je refais mes bagages pour un retour sur Baraki. Je ne reverrais plus jamais Blida.

Je retiendrais de ces 2 séjours :
- une magnifique vue sur les montagnes depuis le camp,
- les gorges de la Chiffa, sauvages et désolées,
- les orangeraies,
- les rapports excellents que nous avons eu entre les diverses unités installées dans le camp,
- les rapports privilégiés entretenus avec les Légionnaires,
- la bonne qualité des installations,
- le mépris des cuisiniers pour leurs camarades de galère.

Je ferais une distinction entre la débrouille consistant à détourner une caisse de pataugas ou une couverture dans un paquet, dans un magasin, ce qui ne privait personne et le détournement de vivres à son profit, en privant les autres du nécessaire.